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Regest

Zirkular an die an den deutschen und italienische Höfen akkreditierten Bevollmächtigten Österreichs, Preußens und Russlands, in welchem die Gesandten über die Ergebnisse der Verhandlungen in Verona informiert werden. Die an den deutschen und italienischen Höfen akkreditierten Bevollmächtigen werden angewiesen, den Inhalt des Zirkulars bekannt zu machen und gleichzeitig zu erklären, dass die alliierten Monarchen auf die Unterstützung der Regierungen zählen.

Bezeichnung Circulaire final (Endfassung)
Dokumentenart Lithographie
Ort/Datum Verona, 14. 12. 1822
Signatur Wien, ÖStA, HHStA, Staatskanzlei, Kongressakten, Kart. 24, Fasz. 44 (alt), IX/24, 35–37, 40–43
Stückbeschreibung

Lithographie

Das Schlusszirkular liegt mehrfach ein: Konzept, von Gentz korrigiert, fol. IX/3–12; handschriftlich von Gentz, fol. IX/25–33; lithographierte Schlussfassung fol. IX/24 und 35–37, sowie fol. IX/40–43; deutsche Übersetzung fol. IX/14–23. Beiliegend kurzes Begleitschreiben an das diplomatische Personal (fol. IX/38), das folgende Passage enthält: „Il nous reste à ajouter une courte explication. Avant de quitter l’Espagne, les Agens des Cours d’Autriche, de Russie et de Prusse ont ordre de notifier au Ministère Espagnol qu’à moins que l’état actuel des choses ne change complètement, que le Roi ne soit remis en pleine liberté et qu’Il ne reçoive le pouvoir de s’entourer des plus fidèles et des plus éclairés de Ses sujets pour donner à l’Espagne les lois que réclament ses véritables intérêts et ses vœux légitimes, les Cours de Vienne, de St Petersbourg et de Berlin ont résolu de rompre toute relation diplomatique avec le Gouvernement de fait séant à Madrid.“

Vgl. gedruckte Quelle Angeberg, Congrès, Bd. III, S. 1817–1818 (unvollständig);
Vgl. gedruckte Quelle BFSP Bd. 10 (1822/23), S. 921–925;
Vgl. gedruckte Quelle Diplomatisches Archiv/Archive diplomatique, Bd. 3, S. 538–544;
Vgl. gedruckte Quelle Grewe, Fontes, S. 125–130;
Vgl. gedruckte Quelle Martens, Noveau Recueil, Bd. 6, S. 195–201;
Vgl. gedruckte Quelle Meyer, Staats-Acten, S. 291–296.
Bezeichnung Circulaire final (Konzept)
Dokumentenart Konzept
Ort/Datum Verona, o.D.
Signatur Wien, ÖStA, HHStA, Staatskanzlei, Kongressakten, Kart. 24, Fasz. 44 (alt), IX/3–12, 25–33
Stückbeschreibung

Lithographie und Konzept

Das Konzept liegt mehrfach ein: Konzept, von Gentz korrigiert, fol. IX/3–12; handschriftlich von Gentz, fol. IX/25–33. Vermerk von anderer Hand auf fol. IX/3r: „NB : n’a pas été expédié“. Beiliegend auch kurzes Begleitschreiben an das diplomatische Personal (fol. IX/38), das folgende Passage enthält: „Il nous reste à ajouter une courte explication. Avant de quitter l’Espagne, les Agens des Cours d’Autriche, de Russie et de Prusse ont ordre de notifier au Ministère Espagnol qu’à moins que l’état actuel des choses ne change complètement, que le Roi ne soit remis en pleine liberté et qu’Il ne reçoive le pouvoir de s’entourer des plus fidèles et des plus éclairés de Ses sujets pour donner à l’Espagne les lois que réclament ses véritables intérêts et ses vœux légitimes, les Cours de Vienne, de St Petersbourg et de Berlin ont résolu de rompre toute relation diplomatique avec le Gouvernement de fait séant à Madrid.“

Text

Abschnitte

[Bl. 24r]

Circulaire

Vérone le 14 Décembre 1822.

Mon <…>

Vous avez été instruit par les pièces qui Vous furent adressées au moment de la clôture des Conférences de Laibach au mois de Mai 1821 que la réunion des Monarques Alliés et de Leurs Cabinets se renouvèlerait dans le courant de l’année 1822, et que l’on y prendrait en considération le terme à fixer aux mesures qui, sur les propositions des Cours de Naples et de Turin, et de l’aveu de toutes les Cours d’Italie, avaient été jugées nécessaires pour raffermir la tranquillité de la Péninsule après les funestes évènemens des années 1820 et 1821.1

Cette réunion vient d’avoir lieu, et nous allons Vous en faire connaître les principaux résultats.

D’après la Convention signée à Novare le 24 Juillet 1821, l’occupation d’une ligne militaire dans le Piémont par un corps de troupes auxiliaires avait été éventuellement fixée à une année de durée, sauf à examiner lors de la réunion de 1822 si la situation du Pays permettrait de la faire cesser ou rendrait nécessaire de la prolonger.

Les Plénipotentiaires des Cours signataires de la Convention de Novare se sont livrés à cet examen conjointement avec le Plénipotentiaire de S. M. le Roi de Sardaigne ; et il a été reconnu que l’assistance d’une force alliée n’était plus nécessaire pour le maintien de la tranquillité du Piémont. S. M. le Roi de Sardaigne ayant indiqué Elle-même les termes qu’Elle jugeait convenable de fixer pour la retraite successive des Troupes auxiliaires, les Souverains alliés ont accédé à Ses propositions, et il a été arrêté par une nouvelle Convention que la sortie de ces troupes du Piémont commencerait dès le 31 Décembre de l’année présente, et serait définitivement terminée par[Bl. 24v] la remise de la forteresse d’Alessandrie au 30 Septembre 1823.

D’un autre côté, S. M. le Roi des Deux-Siciles a fait déclarer aux Trois Cours qui avaient eu part à la Convention signée à Naples le 18 Octobre que l’état actuel de Son pays Lui permettait de proposer une diminution dans le nombre des Troupes auxiliaires stationnées dans différentes parties du Royaume. Les Souverains Alliés n’ont pas hésité à se prêter à cette proposition ; et l’armée d’occupation du Royaume des Deux-Siciles sera dans le plus court délai diminuée de dix-sept mille hommes.

Ainsi s’est réalisée, autant que les évènemens ont répondu aux vœux des Monarques, la déclaration faite au moment de la clôture du Congrès de Laibach : « Que loin de vouloir prolonger au-delà des limites d’une stricte nécessité Leur intervention dans les affaires d’Italie, Leurs Majestés désiraient bien sincèrement que l’état des choses qui Leur avait imposé ce pénible devoir, vînt à cesser le plutôt possible et ne se reproduisit jamais. » – Ainsi s’évanouissent les fausses alarmes, les interprétations hostiles, les prédictions sinistres que l’ignorance et la mauvaise foi avaient fait retentir en Europe pour égarer l’opinion des peuples sur les intentions franches et loyales des Monarques ! Aucune vue secrète, aucun calcul d’ambition ni d’intérêt n’avait eu part aux résolutions qu’une nécessité impérieuse Leur avait dictée en 1821 ; résister à la révolution ; prévenir les désordres, les crimes, les calamités innombrables qu’elle appellait sur l’Italie toute entière ; y rétablir l’ordre et la paix ; fournir aux Gouvernemens légitimes l’appui qu’ils étaient en droit de réclamer – tel a été l’unique objet des pensées et des efforts des Monarques. À mesure que cet objet s’accomplit, Ils retirent et retireront des secours qu’un besoin trop réel avait seul pu provoquer et justifier ; heureux de pouvoir[Bl. 35r] abandonner aux Princes que la Providence en a chargés, le soin de veiller à la sûreté et à la tranquillité de Leurs peuples, et d’enlever ainsi à la malveillance jusqu’au dernier prétexte dont elle ait pu se servir pour répandre des doutes sur l’indépendance des Souverains de l’Italie.

Le but du Congrès de Vérone, tel qu’un engagement positif l’avait désigné, aurait été rempli par les résolutions adoptées pour le soulagement de l’Italie. Mais les Souverains et les Cabinets réunis n’ont pu se dispenser de porter leurs regards sur deux graves complications dont le développement les avait constamment occupés depuis la réunion de Laibach.

Un évènement d’une importance majeure avait éclaté vers la fin de cette dernière réunion. Ce que le génie révolutionnaire avait commencé dans la Péninsule Occidentale, ce qu’il avait tenté en Italie, il était parvenu à l’exécuter aux extrémités orientales de l’Europe.2 À l’époque même où les révoltes militaires de Naples et de Turin cédèrent à l’approche d’une force régulière, le brandon de l’insurrection fut lancé au milieu de l’Empire Ottoman. La coïncidence des évènemens ne pouvait laisser aucun doute sur l’identité de leur origine. Le même mal se reproduisant sur tant de points divers et toujours avec des formes et un langage analogues, quoique sous des prétextes différens, trahissait trop évidemment le foyer commun d’où il était sorti. Les hommes qui avaient dirigé ce mouvement s’étaient flattés d’en tirer parti pour semer la division dans les conseils des Puissances, et pour neutraliser les forces que de nouveaux dangers pouvaient appeler sur d’autres points de l’Europe. Cet espoir fut trompé. Les Monarques, décidés à repousser le principe de la révolte en quelque lieu et sous quelque forme qu’il se montrât, se hâtèrent de le frapper d’une égale et unanime réprobation. Invariablement occupés du grand[Bl. 35v] objet de Leurs sollicitudes communes, Ils surent résister à toute considération qui aurait pu les détourner de leur route ; mais écoutant en même temps la voix de Leur conscience et d’un devoir sacré, Ils plaidèrent la cause de l’humanité, en faveur des victimes d’une entreprise aussi irréfléchie que coupable.

Les nombreuses communications confidentielles, qui ont eu lieu entre les cinq Cours pendant cette époque, une des plus mémorables de leur Alliance, ayant placé les questions de l’Orient sur une base d’unanimité et d’accord complètement satisfaisante, Leur réunion à Vérone n’a eu qu’à consacrer et à confirmer ces résultats, et les Puissances amies de la Russie peuvent se flatter qu’elle feront disparaître par des démarches communes les obstacles qui ont pu retarder l’accomplissement définitif de Leurs vœux.

D’autres évènemens dignes de toute la sollicitude des Monarques ont fixé Leurs vues sur la position déplorable de la Péninsule occidentale de l’Europe.

L’Espagne subit le sort réservé à tous les pays qui ont eu le malheur de chercher le bien dans les voies qui n’y conduisent jamais. Elle parcourt aujourd’hui le cercle fatal de sa révolution ; d’une révolution que des hommes égarés ou pervers ont prétendu représenter comme un bienfait, comme le triomphe même d’un siècle de lumières. 3 Tous les Gouvernemens ont été témoins des efforts que ces hommes ont faits pour persuader à Leurs contemporains que cette révolution était le fruit nécessaire et heureux des progrès de la civilisation, et le moyen par lequel elle a été opérée et soutenue le plus bel élan d’un patriotisme généreux. Si la civilisation pouvait avoir pour but la destruction de la Société, et s’il était permis d’admettre que la force militaire pût s’emparer impunément de la direction des Empires dont elle n’est appelée qu’à maintenir la paix intérieure et extérieure,[Bl. 36r] certes, la révolution Espagnole aurait des titres à l’admiration des siècles, et la révolte militaire de l’île de Léon pourrait servir de modèle aux réformateurs. Mais la vérité n’a pas tardé à reprendre ses droits, et l’Espagne a fourni aux dépens de son bonheur et de sa gloire un triste exemple de plus des conséquences infaillibles de tout attentat contre les lois éternelles du monde moral.

Le pouvoir légitime enchaîné et servant lui-même d’instrument pour renverser tous les droits et toutes les libertés légales ; toutes les classes de la population bouleversées par le mouvement révolutionnaire ; l’arbitraire et l’oppression exercés sous les formes de la loi ; un Royaume livré à tous les genres de convulsion et de désordre ; de riches colonies justifiant leur émancipation par les mêmes maximes sur lesquelles la mère patrie a fondé son droit public, et qu’elle tenterait en vain de condamner dans un autre hémisphère ; la guerre civile consumant les dernières ressources de l’Etat – tel est le tableau que nous présente la situation actuelle de l’Espagne ; tels sont les malheurs qui affligent un peuple loyal et digne d’un meilleur sort ; telle est enfin la cause directe des justes inquiétudes que tant d’élémens réunis de troubles et de confusion ont dû inspirer aux pays immédiatement en contact avec la Péninsule. Si jamais il s’est élevé au sein de la civilisation une Puissance ennemie des principes conservateurs, ennemie surtout de ceux qui font la base de l’Alliance Européenne, c’est l’Espagne dans sa désorganisation présente.

Les Monarques auraient-Ils pu contempler avec indifférence tant de maux accumulés sur un pays, et accompagnés de tant de dangers pour les autres ? N’ayant à consulter dans cette grave question que leur propre jugement et Leur propre conscience, Ils ont dû se demander[Bl. 36v] si, dans un état de choses que chaque jour menace de rendre plus cruel et plus alarmant, il leur était permis de rester spectateurs tranquilles, de prêter même par la présence de leurs Représentans la fausse couleur d’une approbation tacite aux actes d’une faction déterminée à tout entreprendre pour conserver son funeste pouvoir. Leur décision n’a pu être douteuse. Leurs Missions ont reçu l’ordre de quitter la Péninsule.

Quelques puissent être les suites de cette démarche, les Monarques auront prouvé à l’Europe que rien ne peut Les engager à reculer devant une détermination sanctionnée par Leur conviction intime. Plus, Ils vouent d’amitié à S. M. Catholique 4 et d’intérêt au bien-être d’une Nation que tant de vertus et de grandeur ont distinguée dans plus d’une époque de son histoire, et plus Ils ont senti la nécessité de prendre le parti auquel Ils se sont arrêtés, et qu’Ils sauront soutenir.

Vous Vous convaincrez par le précédent Exposé que les principes qui ont constamment guidé les Monarques dans les grandes questions d’ordre et de stabilité auxquelles les évènemens de nos jours ont donné une si haute importance, n’ont point été démentis dans leurs dernières transactions. Leur union, essentiellement fondée sur ces principes loin de s’affaiblir, acquiert d’époque en époque plus de cohésion et de force. Il serait superflu de venger encore la loyauté et la bienveillance de leurs intentions contre de méprisables calomnies que chaque jour l’évidence des faits réduit à leur juste valeur. L’Europe entière doit enfin reconnaître que la marche suivie par les Monarques est également en harmonie avec l’indépendance et la force des Gouvernemens, et avec les intérêts bien-entendus des peuples. Ils ne regardent comme ennemis[Bl. 37r] que ceux qui conspirent contre l’autorité légitime des uns, et en imposent à la bonne foi des autres pour les entraîner dans un abîme commun. Les vœux des Monarques ne sont dirigés que vers la paix ; mais cette paix, bien que solidement établie entre les Puissances, ne peut répandre sur la Société la plénitude de ses bienfaits, tant que la fermentation qui agite encore les esprits dans plus d’un pays sera entretenue par les suggestions perfides et par les tentatives criminelles d’une faction qui ne veut que révolutions et bouleversemens ; tant que les Chefs et les instrumens de cette faction, soit qu’ils marchent à front découvert attaquant les trônes et les institutions, soit qu’ils travaillent dans les ténèbres, organisant des projets sinistres, préparant des complots ou empoisonnant l’opinion publique, ne cesseront de tourmenter les peuples par le tableau sombre et mensonger du présent et par des alarmes chimériques sur l’avenir. Les mesures les plus sages des Gouvernemens ne prospéreront, les améliorations les mieux combinées ne seront couronnées de succès, la confiance enfin ne renaîtra parmi les hommes que lorsque ces fauteurs de trames odieuses seront réduits à une impuissance complète ; et les Monarques ne croiront point avoir rempli leur noble tâche avant de leur avoir arraché les armes qu’ils pourraient tourner contre la tranquillité du monde.

En faisant part au Cabinet près duquel Vous êtes accrédité des notions et des déclarations que renferme la présente pièce, Vous aurez soin de rappeler en même temps ce que les Monarques regardent comme la condition indispensable de l’accomplissement de Leurs vues bienveillantes. Pour assurer à l’Europe, avec la paix dont elle jouit sous l’égide des traités, cet état de calme et de stabilité hors duquel il n’y a pas de vrai bonheur[Bl. 37v] pour les Nations, Ils doivent compter sur l’appui sincère et constant de tous les Gouvernemens. C’est au nom de leurs premiers intérêts, c’est au nom de la conservation de l’ordre social et au nom des générations futures qu’Ils le réclament. Qu’ils soient tous pénétrés de cette grande vérité que le pouvoir remis entre Leurs mains est un dépôt sacré dont Ils ont à rendre compte et à Leurs peuples et à la postérité, et qu’Ils encourent une responsabilité sévère en se livrant à des erreurs, ou en écoutant des conseils qui tôt ou tard les mettraient dans l’impossibilité de sauver Leurs sujets des malheurs qu’Ils Leur auraient préparés Eux-mêmes. Les Monarques aiment à croire que partout Ils trouveront dans ceux qui sont appelés à exercer l’autorité suprême, sous quelque forme que ce soit, de véritables Alliés ; des Alliés ne respectant pas moins l’esprit et les principes que la lettre et les stipulations positives des actes qui forment aujourd’hui la base du sistème Européen ; et Ils se flattent que Leurs paroles seront regardées comme un nouveau gage de Leur résolution ferme et invariable de consacrer au salut de l’Europe tous les moyens que la Providence a mis à Leur disposition.

Recevez, Mon <…> l’assurance de <…>

Hand: Friedrich Gentz

[Bl. 25r]

Projet de Dépêche circulaire aux Ministres d’Autriche, de Russie et de Prusse près les Cours d’Allemagne et d’Italie

NB: n'a pas été expédié.

Vous avez été instruit par les pièces qui Vous furent adressées au moment de la clôture des Conférences de Laibach au mois de Mai 1821 que la réunion des Monarques Alliés et de Leurs Cabinets se renouvelleroit dans le courant de l’année 1822, et que l’on y prendroit en considération le terme à fixer aux mesures qui, sur les propositions des cours de Naples et de Turin, et de l’aveu de toutes les cours d’Italie, avoient été jugées nécessaires pour raffermir la tranquillité de la Péninsule après les funestes évènemens des années 1820 et 1821. 5

Cette réunion vient d’avoir lieu, et nous allons Vous en faire connoître les principaux résultats.

D’après la convention[Bl. 25v] signée à Novare le 24 Juillet 1821, l’occupation d’une ligne militaire dans le Piémont par un corps de troupes auxiliaires avoit été éventuellement fixée à une année de durée, sauf à examiner lors de la réunion de 1822 si la situation du pays permettroit de la faire cesser ou rendroit nécessaire de la prolonger.

S. M. le Roi de Sardaigne a fait mettre sous les yeux des Souverains Alliés l’exposé complet de la situation militaire, morale, et administrative du Piémont. Leurs Majestés y ont vu avec une vive satisfaction les progrès d’une restauration qu’Elles appeloient de tous Leurs vœux ; Elles ont reconnu que l’assistance d’une force alliée n’étoit plus[Bl. 26r] nécessaire pour le maintien de la tranquillité dans les Etats Sardes. S. M. le Roi de Sardaigne ayant indiqué Elle-même les termes qu’Elle jugeoit convenable de fixer pour la retraite successive des troupes auxiliaires, les Souverains Alliés ont accédé à Ses propositions, et il a été arrêté par une nouvelle convention que la sortie de ces troupes du Piémont commenceroit dès le 31 Décembre de l’année présente, et seroit définitivement terminée au 30 Septembre 1823.

D’un autre côté, S. M. le Roi des Deux-Siciles a fait déclarer aux Trois Cours qui avoient eu part à la convention signée à Naples le 18 Octobre 1821, que l’état actuel de Son pays Lui permettoit de proposer une diminution dans le nombre des troupes auxiliaires, stati-[Bl. 26v]onnées dans différentes parties du Royaume. Les Souverains Alliés n’ont pas hésité à se prêter à cette proposition ; et l’armée d’occupation du Royaume des Deux-Siciles sera dans le plus court délai possible réduite à Trente-Cinq Mille hommes.

C’est ainsi que s’est réalisée, autant que les évènemens ont répondu aux vœux des Monarques, la déclaration faite au moment de la clôture du Congrès de Laybach : « Que loin de vouloir prolonger au-delà des limites d’une stricte nécessité Leur intervention dans les affaires d’Italie, Leurs Majestés désiroient bien sincèrement que l’état des choses qui Leur avoit imposé ce pénible devoir, vînt à cesser le plutôt possible, et ne se reproduisit jamais. » – C’est ainsi que s’évanouissent[Bl. 27r] les fausses alarmes, les interprétations hostiles, les prédictions sinistres que l’ignorance et la mauvaise foi avoient fait retenir en Europe pour égarer l’opinion des peuples sur les intentions franches et loyales des Monarques Alliés ! Aucune vue sécrète, aucun calcul d’ambition ni d’intérêt n’avoit eu part aux résolutions qu’une nécessité impérieuse Leur dicta en 1821 ; résister à la révolution, prévenir les désordres, les crimes, les calamités innombrables qu’elle préparoit à l’Italie toute entière ; rétablir l’ordre et la paix ; fournir aux gouvernemens légitimes l’appui qu’ils étoient en droit de réclamer – tel fut l’unique objet des pensées et des efforts des Monarques. À mesure que cet objet s’accomplit, Ils retirent et continueront à retirer des secours qu’un besoin réel[Bl. 27v] avoit seul pu provoquer et justifier ; heureux de pouvoir abandonner aux Princes que la Providence en a chargés, le soin de veiller à la sureté et à la tranquillité de Leurs peuples, et d’ôter ainsi à la malveillance jusqu’au dernier prétexte dont elle ait pu se servir pour répondre des doutes et des soupçons sur l’indépendance des Souverains de l’Italie.

Le but du Congrès de Vérone, tel qu’un engagement positif l’avoit désigné, eut été rempli par les résolutions adoptées dans l’intérêt du bien-être de l’Italie. Mais les Souverains et les Cabinets réunis n’ont pu se refuser à porter leurs regards sur deux complications graves dont le développement les avoit con-[Bl. 28r]stamment occupés depuis la réunion de Laybach.

Un évènement d’une conséquence majeure avoit éclaté vers la fin de cette dernière réunion. Ce que le génie révolutionnaire avoit commencé dans la Péninsule Occidentale, ce qu’il avoit conçu et entrepris en Italie, il parvint encore à l’exécuter aux extrémités orientales de l’Europe. 6 À l’époque même où les révoltes militaires de Naples et de Turin cédèrent à l’approche d’une force régulière, le brandon de l’insurrection se trouva jetté dans l’Empire Ottoman. La coïncidence des évènemens ne pouvoit laisser aucun doute sur l’identité de leur origine. Le même mal se reproduisant sur tant de points à la fois, et partout, quoique sous[Bl. 28v] des prétextes différens, avec des formes et un langage entièrement analogues, trahissoit trop évidemment le foyer commun d’où il étoit sorti. La faction qui avoit préparé et dirigé ce nouveau mouvement s’étoit flattée d’y trouver le moyen de semer la division dans les conseils des puissances, et de détourner leur attention des projets qui se trâmoient sur d’autres points de l’Europe. Son calcul fut trompé. Les Monarques, décidés à repousser le principe de la révolte dans quelque lieu et dans quelque forme qu’il peut se montrer, condamnèrent l’ouvrage dès qu’Ils reconnurent les mains qui l’avoient créé. Invariablement occupés du grand objet de leurs sollicitudes communes,[Bl. 29r] Ils ne se permirent point de céder à des considérations qui eussent pu les conduire dans des routes différentes : Ils se bornèrent à écouter dans cette terrible catastrophe la voix de leur conscience et d’un devoir sacré ; Ils soutirèrent les droits et plaidèrent la cause des malheureuses victimes d’une entreprise aussi insensée que coupable.

Les nombreuses communications confidentielles, qui ont eu lieu entre les cinq Cours pendant une des époques les plus mémorables de leur alliance, ayant placé les questions de l’orient sur une base d’unanimité et d’accord complètement satisfaisante, leur réunion à Vérone n’a eu qu’à consacrer et à confirmer ces résultats, et Elles se flattent de faire disparoître par les démarches communes les obstacles[Bl. 29v] qui ont pu encore retarder l’accomplissement définitif de leurs vœux.

Un autre objet digne de fixer toute la sollicitude des Monarques et des cabinets leur a été offert par la position déplorable des choses dans la Péninsule occidentale de l’Europe.

L’Espagne, condamnée à subir le sort réservé à toutes les révolutions, parcourt maintenant les phases funestes de la sienne ; d’une révolution que des hommes égarés ou pervers ont prétendu représenter aux peuples de l’Europe comme un bienfait, comme le triomphe même d’un siècle de lumières. 7 Tous les gouvernemens ont été témoins des efforts que ces hommes ont faits pour persuader à leurs contemporains que cette révolution étoit le fruit nécessaire[Bl. 30r] et heureux des progrès de la civilisation, et le moyen par lequel elle a été opérée et soutenue le chef-d’œuvre d’un patriotisme généreux. Si la civilisation pouvoit avoir pour but la destruction de la société, et s’il étoit permis d’admettre que la force militaire put s’emparer impunément de la direction des Empires dont elle n’est appelée qu’à maintenir la paix intérieure et extérieure, certes, la révolution Espagnole auroit des titres à l’admiration des siècles, et la révolte militaire de l’isle de Léon pourroit servir de modèle aux réformateurs. Mais la vérité n’a pas tardé à reprendre ses droits, et l’Espagne a fourni, aux dépens de son bonheur et de sa gloire, un triste exemple de plus des suites infaillibles[Bl. 30v] de tout attentat contre les lois éternelles du monde moral.

Le pouvoir légitime enchaîné et servant, comme tel, lui-même d’instrument pour renverser tous les droits et toutes les libertés légales ; le mouvement révolutionnaire communiqué à toutes les classes de la population ; l’arbitraire et l’oppression exercés sous les formes de la loi ; un royaume livré à tous les genres de désordre et de misère ; de riches colonies justifiant leur émancipation par les mêmes maximes sur lesquelles la mère patrie a fondé son droit public, et qu’elle tenteroit en vain de condamner dans un autre hémisphère ; la guerre civile consumant les dernières ressources de l’un des Etats les plus nobles du Continent – tel est le[Bl. 31r] tableau exact de la situation actuelle de l’Espagne ; tels sont les désastres qui affligent un peuple loyal et digne d’un meilleur sort ; telle est enfin la cause directe des justes inquiétudes que tant d’élémens réunis de confusion et de troubles ont dû inspirer aux pays immédiatement en contact avec la Péninsule. Si jamais il s’est élevé au sein de la civilisation une puissance ennemie des principes conservateurs qui font la base de l’alliance Européenne, c’est l’Espagne dans sa désorganisation présente.

Les Monarques n’auroient pu, sans méconnoître leurs devoirs et sans abjurer leurs sentimens, contempler avec indifférence tant de maux accumulés sur un pays, et accompagnés de tant de dangers pour les autres.[Bl. 31v] N’ayant à consulter dans cette grave question que leur propre jugement et leur propre conscience, Ils ont dû se demander si, dans un état de choses que chaque jour menace de rendre plus cruel et plus alarmant, il leur étoit permis de rester spectateurs tranquilles, de prêter même par la présence de leurs Représentans la fausse couleur d’une approbation tacite aux actes d’une faction déterminée à tout entreprendre pour conserver son fatal pouvoir ? Leur décision n’a pas été douteuse. Leurs missions ont reçu l’ordre de quitter la péninsule.

Quelques puissent être les suites de cette détermination, les Monarques auront prouvé à l’Europe qu’Ils ne reculeront jamais devant[Bl. 32r] ce que leur conviction intime leur a signalé comme juste et salutaire. Plus Ils vouent d’amitié à S. M. Catholique,8 et d’intérêt au bien-être d’une nation que tant de vertu et de grandeur ont distinguée dans plus d’une époque de son histoire, et plus Ils ont senti la nécessité de prendre le parti auquel Ils se sont arrêtés, et qu’Ils sauront soutenir.

Vous Vous convaincrez par le précédent exposé que les principes qui ont constamment guidé les Monarques Alliés dans les grandes questions d’ordre et de stabilité auxquelles les évènemens de nos jours ont donné une nouvelle et immense importance, ne se sont[Bl. 32v] point démentis pendant la dernière réunion. Loin de s’affoiblir, Leur union, essentiellement fondée sur ces principes, acquiert d’époque en époque plus de cohésion et de force. Il seroit superflu de venger encore la loyauté et la bienveillance de leurs intentions contre de méprisables calomnies que chaque jour réduit à leur juste valeur. Les faits ont parlé ; tout ce qu’il y a en Europe d’hommes justes et éclairés reconnoissent enfin que les Monarques Alliés n’en veulent ni à l’indépendance, ni aux droits, ni aux institutions légitimes d’aucun autre Etat, et que désirant Eux-mêmes de faire jouir Leurs peuples de tout ce que le[Bl. 33r] développement de l’esprit humain peut produire de véritables améliorations et de nouvelles sources de prospérité, Ils ne prétendront jamais arrêter les progrès des autres nations dans quelque carrière que ce soit. Les vœux des Monarques sont dirigés vers la paix ; toutes leurs démarches, tous leurs efforts ne tendent qu’à la consolider. Mais cette paix, quoique bien établie et garantie entre les puissances par les transactions politiques des dernières années, cette paix ne peut répandre la plénitude de ses bienfaits sur les Etats, tant que l’inquiétude et la fermentation qui tourmentent encore les esprits dans plus d’un pays ne seront calmées. Cette paix ne sera pas appréciée, elle ne sera pas sentie par les peuples, tant qu’une[Bl. 33v] faction antisociale qui ne respire que révolution et bouleversement, soit qu’elle marche à front découvert attaquant les trônes et les institutions, soit qu’elle travaille dans les ténèbres, organisant des complots, fomentent des projets coupables, ou empoisonnant l’opinion par des écrits séditieux, conservera un reste d’espoir d’influer sur les destinées du monde. C’est-là le seul ennemi que les Monarques Alliés aient à combattre ; Ils sont décidés à le poursuivre partout où il menacera ouvertement la tranquillité publique, et Ils ne croiront pas avoir rempli leur tâche, avant de Lui avoir enlevé les dernières armes qui pourroit diriger contre les intérêts impérissables de l’ordre social.

Zitierempfehlung Kongress von Verona IX. Circulaire finale. In: Mächtekongresse 1818–1822. Digitale Edition, hrsg. von Karin Schneider unter Mitarbeit von Stephan Kurz, Wien: Österreichische Akademie der Wissenschaften, Institut für Neuzeit- und Zeitgeschichtsforschung 2018. URL: https://maechtekongresse.acdh.oeaw.ac.at/pages/show.html?document=Verona_IX_1.xml&directory=editions, abgerufen 28.03.2024, 14:54.
Verantwortlichkeiten
  • Transkription: Karin Schneider
  • Wissenschaftliche Edition: Karin Schneider
  • Technical Editor: Stephan Kurz
  • Korrekturen: Karin Schneider, Stephan Kurz
  • Beratung Kodierung: Daniel Schopper
  • Beratung Kodierung: Peter Andorfer

Vergleiche auch die Projektbeschreibung in der Einleitung sowie die Dokumentation der Applikation unter „Über diese Webseite“.

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