Regest |
Die österreichische Regierung übermittelt ihrem Geschäftsträger in Madrid ihre Sichtweise der Revolution in Spanien und erklärt, dem Ende der politischen Isolation des Landes nur dann zuzustimmen, wenn der König wieder volle Entscheidungsfreiheit erhalte. |
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Bezeichnung | Note Metternichs an den Geschäftsträger in Madrid |
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Dokumentenart | Lithographie |
Ort/Datum | Verona, 14. 12. 1822 |
Signatur | Wien, ÖStA, HHStA, Staatskanzlei, Kongressakten, Kart. 23, Fasz. 43 (alt), 238–240 |
Stückbeschreibung |
Lithographie Anonyme Hand Weitere anonyme Hand Friedrich Gentz Nikolaus Wacken Anonyme Hand mit Bleistift Anonyme Hand mit Rotstift Metternich |
Vgl. gedruckte Quelle | Archive diplomatique/Diplomatisches Archiv, Bd. 3, S. 441–445; |
Vgl. gedruckte Quelle | BFSP Bd. 10 (1822/23), S. 917–920 (Note hier datiert auf 2. Dezember 1822); |
Vgl. gedruckte Quelle | Ghillany, Diplomatisches Handbuch, Bd. 2, S. 450–453; |
Vgl. gedruckte Quelle | Martens, Guide diplomatique, Bd. 2, S. 424–428; |
Vgl. gedruckte Quelle | Martens, Nouveau recueil, Bd. 6, S. 190–195. |
La situation dans laquelle se trouve la Monarchie Espagnole à la suite des évènemens qui s’y sont passés depuis deux ans 1 était un objet de trop haute importance pour ne pas avoir sérieusement occupé les Cabinets réunis à Vérone . L’Empereur, notre Auguste Maître, a voulu que Vous fussiez informé de Sa manière d’envisager cette grave question ; et c’est pour cet effet que je Vous adresse la présente dépêche.
La révolution d’Espagne a été jugée pour nous dès son origine. Selon les décrets éternels de la Providence, le bien ne peut pas plus naître pour les Etats que pour les individus de l’oubli des premiers devoirs imposés à l’homme dans l’ordre social ; ce n’est pas par de coupables illusions pervertissant l’opinion, égarant la conscience des peuples, que doit commencer l’amélioration de leur sort ; et la révolte militaire ne peut jamais former la base d’un Gouvernement heureux et durable.
La révolution d’Espagne, considérée sous le seul rapport de l’influence funeste qu’elle a exercée sur le Royaume qui l’a subie, serait un évènement digne de toute l’attention et de tout l’intérêt des Souverains étrangers ; car la prospérité ou la ruine d’un des Pays les plus intéressans de l’Europe ne saurait être à leurs yeux une alternative indifférente ; les ennemis seuls de ce Pays, s’il pouvait en avoir, auraient le droit de regarder avec froideur les convulsions qui le[Bl. 238v] déchirent. Cependant, une juste répugnance à toucher aux affaires intérieures d’un Etat indépendant déterminerait peut-être ces Souverains à ne pas se prononcer sur la situation de l’Espagne si le mal opéré par sa révolution s’était concentré, et pouvait se concentrer dans son intérieur. Mais tel n’est pas le cas. Cette révolution, avant même d’être parvenue à sa maturité, a provoqué déjà de grands désastres dans d’autres pays ; c’est elle qui, par la contagion de ses principes et de ses exemples et par les intrigues de ses principaux artisans, a créé les révolutions de Naples 2 et du Piémont 3 ; c’est elle qui aurait embrasé l’Italie toute entière, menacé la France, compromis l’Allemagne, sans l’intervention des Puissances qui ont préservé l’Europe de ce nouvel incendie. Partout les funestes moyens employés en Espagne pour préparer et exécuter la révolution ont servi de modèle à ceux qui se flattaient de lui ouvrir de nouvelles conquêtes ; partout la Constitution Espagnole 4 est devenue le point de réunion et le cri de guerre d’une faction conjurée contre la sûreté des Trônes et contre le repos des Peuples.
Le mouvement dangereux que la révolution d’Espagne avait imprimé à tout le midi de l’Europe a mis l’Autriche dans la pénible nécessité de recourir à des mesures peu d’accord avec la marche pacifique qu’elle aurait voulu invariablement poursuivre. Elle a vu une partie de ses Etats 5 entourée de séditions cernée par des complots incendiaires, à la veille même d’être attaquée par des conspirateurs dont les premiers essais se dirigeaient contre ses frontières. Ce n’est que par de grands efforts et de[Bl. 239r] grands sacrifices que l’Autriche a pu rétablir la tranquillité en Italie et déjouer des projets dont le succès n’eût été rien moins qu’indifférent pour le sort de ses propres provinces.
Sa Majesté Impériale ne peut d’ailleurs que soutenir dans les questions relatives à la révolution d’Espagne les mêmes principes qu’Elle a toujours hautement manifestés. Dans l’absence même de tout danger direct pour les peuples confiés à Ses soins, l’Empereur n’hésitera jamais à désavouer et à réprouver ce qu’Il croit faux, pernicieux et condamnable dans l’intérêt général des Sociétés humaines. Fidèle au sistème de conservation et de paix, pour le maintien duquel Elle a contracté avec Ses Augustes Alliés des engagemens inviolables, Sa Majesté ne cessera de regarder le désordre et les bouleversemens, quelque partie de l’Europe qui puisse en être la victime, comme un objet de vives sollicitudes pour tous les Gouvernemens, et chaque fois que l’Empereur pourra se faire entendre dans le tumulte de ces crises déplorables, Il croira avoir rempli un devoir dont aucune considération ne saurait le dispenser.
Il me serait difficile de croire, Monsieur le Comte, que le jugement énoncé par Sa Majesté Impériale sur les évènemens qui se passent en Espagne puisse être mal compris ou mal interprété dans ce pays. Aucun objet d’intérêt particulier, aucun choc de prétentions réciproques, aucun sentiment de méfiance ou de jalousie ne saurait inspirer à notre Cabinet une pensée en opposition avec le bien-être de l’Espagne. La maison d’Autriche n’a qu’à remonter à sa propre histoire pour y trouver les plus puissans motifs d’attachement,[Bl. 239v] d’égard et de bienveillance pour une Nation qui peut se rappeler avec un juste orgueil ces siècles de glorieuse mémoire où « le soleil n’avait pas de couchant pour Elle », pour une Nation qui, forte de ses institutions respectables, de ses vertus héréditaires, de ses sentimens religieux, de son amour pour ses Rois, s’est illustrée dans tous les temps par un patriotisme toujours loyal, toujours généreux, et bien souvent héroïque. À une époque peu éloignée de nous, cette Nation a encore étonné le monde par le courage, le dévouement et la persévérance qu’elle a opposés à l’ambition usurpatrice qui prétendait la priver de Ses Monarques et de Ses lois ; et l’Autriche n’oubliera jamais combien la noble résistance du Peuple Espagnol lui a été utile dans un moment de grand danger pour elle-même .6
Ce n’est donc pas sur l’Espagne, ni comme Nation, ni comme Puissance, que peut porter le langage sévère dicté à Sa Majesté Impériale par Sa conscience et par la force de la vérité ; il ne s’applique qu’à ceux qui ont ruiné et défiguré l’Espagne, et qui persistent à prolonger ses souffrances.
En se réunissant à Vérone à Ses Augustes Alliés, Sa Majesté Impériale a eu le bonheur de retrouver dans Leurs conseils les mêmes dispositions bienveillantes et désintéressées qui ont constamment guidé les Siens. Les paroles qui partiront pour Madrid constateront ce fait, et ne laisseront aucun doute sur l’empressement sincère des Puissances à servir la cause de l’Espagne, en Lui démontrant la nécessité de changer de route. Il est certain que les embarras qui l’accablent se sont accrus depuis[Bl. 240r] peu dans une progression effrayante. Les mesures les plus rigoureuses, les expédiens les plus hazardés ne peuvent plus faire marcher son administration ; la guerre civile est allumée dans plusieurs de ses provinces ; ses rapports avec la plus grande partie de l’Europe sont dérangés ou suspendus ; ses relations même avec la France ont pris un caractère si problématique qu’il est permis de se livrer à des inquiétudes sérieuses sur les complications qui peuvent en résulter. Un pareil état de choses ne justifierait-il pas les plus sinistres pressentimens ?
Tout Espagnol éclairé sur la véritable situation de sa patrie doit sentir que pour briser les chaines qui pèsent aujourd’hui sur le Monarque et sur le Peuple, il faut que l’Espagne mette un terme à cet état de séparation du reste de l’Europe dans lequel les derniers évènemens l’ont jetée. Il faut que des rapports de confiance et de franchise se rétablissent entr’Elle et les autres Gouvernemens ; rapports qui, en garantissant d’un côté sa ferme intention de s’associer à la cause commune des Monarchies Européennes, puissent lui fournir de l’autre côté les moyens de faire valoir sa volonté réelle et d’écarter tout ce qui peut la dénaturer ou la comprimer. Mais pour arriver à ce but, il faut avant tout que son Roi soit libre ; non seulement de cette liberté personnelle que tout individu peut réclamer sous le règne des lois, mais de celle dont un Souverain doit jouir pour remplir Sa haute vocation. Le Roi d’Espagne sera libre du moment qu’Il aura le[Bl. 240v] pouvoir de faire cesser les malheurs de Son Peuple, de ramener l’ordre et la paix dans Son Royaume, de s’entourer d’hommes également dignes de Sa confiance par leurs principes et par leurs lumières, de substituer enfin à un régime, reconnu impraticable par ceux mêmes que l’égoïsme ou l’orgueil y tiennent encore attachés, un ordre de choses, dans lequel les droits du Monarque seraient heureusement combinés avec les vrais intérêts et les vœux légitimes de toutes les classes de la Nation. Lorsque ce moment sera venu, l’Espagne, fatiguée de sa longue tourmente, pourra se flatter de rentrer en pleine possession des avantages que le Ciel lui a départis et que le noble caractère de ses habitans lui assure ; elle verra renaître les liens qui l’unissaient à toutes les Puissances Européennes ; et Sa Majesté Impériale se félicitera de n’avoir plus à Lui offrir que les vœux qu’Elle forme pour sa prospérité et tous les bons services qu’Elle sera en état de rendre à un ancien Ami et Allié.
Vous ferez de la présente dépêche, Monsieur le Comte, l’usage le plus approprié aux circonstances, dans lesquelles Vous Vous trouverez en la recevant. Vous êtes autorisé à en faire lecture au Ministre des Affaires étrangères ainsi qu’à lui en donner copie s’il le demande.
Noten
Zitierempfehlung | Kongress von Verona I. Affaires d’Espagne Note Metternichs an den Geschäftsträger in Madrid. In: Mächtekongresse 1818-1822, hrsg. von Karin Schneider unter Mitarbeit von Stephan Kurz, Wien: Österreichische Akademie der Wissenschaften, Institut für Neuzeit- und Zeitgeschichtsforschung 2018. URL: https://maechtekongresse.acdh.oeaw.ac.at/Verona_I_19.html. |
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